Ce soir, en plein IGA, mais surtout en pleine tentative de faire redescendre une crise de panique qui essaye de m’envahir depuis près d’une demi-heure pour aucune bonne raison apparente…

J’ai malheureusement l’habitude de cette angoisse. J’habite avec ce colocataire indésirable depuis quelques années déjà. C’est le genre d’importun qui s’immisce dans ta vie sans invitation ni avertissement.

Pour ma part, nos rendez-vous sont assez fréquents pour que, même si ses visites me prennent généralement par surprise, je connaisse bien son modus operandi.

Ça commence lentement par mes battements de cœur qui s’accélèrent. Puis ma trachée s’écrase sous le poids de mains fictives qui serrent progressivement ma gorge. Je cherche mon air. J’ai le souffle court. J’ai la tête qui tourne. Mes pensées (peu cohérentes) jouent aux autos-tamponneuses dans ma tête. J’ai d’ailleurs l’impression d’entendre leurs collisions sur ma boîte crânienne, mais c’est en réalité mon pouls qui devient assourdissant. Je tremble. Malgré mes énormes bouffées de chaleur qui rasent de me faire perdre connaissance, j’ai les mains et les pieds terriblement froids et moites. Je peux rester dans cet état-là un bon moment si je tiens bon. Si près de la noyade, mais les orteils appuyer sur une roche pour conserver la tête encore hors de l’eau. Ensuite, si je perds pied, je glisse et je perds le contrôle. Ça dérape. J’ai d’énormes vertiges, ma vision devient totalement floue et j’hyperventile. Puis, je clôture le tout en larmes avec des cris de détresse, d’inconfortables spasmes et parfois même d’horribles vomissements.

C’est loin d’être des moments ben plaisants. Ni même ben glorieux. Fack tu comprendras que j’essaye le plus possible que ça ne m’arrive pas trop en public.

J’en suis à peu près à mi-tempête quand j’arrive à la caisse.

La caissière me pose ses questions habituellement « Prendrez-vous un sac?, Avez-vous la carte Air Miles?, Quel mode de paiement?,… », mais je l’écoute à peine. Je réponds machinalement avec le regard entièrement vide, ardemment concentrée à ne pas dépasser mon fameux point de non-retour.

C’est alors que pendant l’interminable 10 secondes que je fouille dans mon portefeuille pour trouver ma monnaie (et mon souffle), la jeune caissière me déstabilise complètement avec un doux « J’adore votre collier! »

« Merci beaucoup! C’est moi qui les fabrique! »

«  Il est magnifique! »

WoW! Non seulement elle m’a fait plaisir, mais elle a parfaitement arrêté ma crise d’un coup sec! Merci!

En moins de temps qu’il ne lui faut pour terminer la transaction, je m’empresse alors de lui tendre ma carte d’affaires (et mon plus beau sourire) en échange de ma facture. (Heureusement que je garde toujours mes cartes d’affaires dans le petit compartiment zipper au dos de mon portefeuille. C’est facile ultra d’accès et protéger des “cochonneries” qui pourrait les salir (très important quand ton branding est blanc comme le mien!) ou les briser.)

C’est ainsi qu’une Jenn remplie de fierté, d’assurance, de bonheur et exempte de toutes traces d’anxiété quitte le IGA.

Ne sous-estimez JAMAIS la force d’un compliment… ni celle d’avoir une carte d’affaires à porter de la main.

(Un énorme merci à ladite caissière de mon IGA!)

 

 

 

[Source de l’image : Drown par Christina K. sur Flickr]